Avez-vous deja ose dire a votre patron que vous etiez en retard parce que votre train etait bloque dans les embouteillages?... Et bien en Thailande, vous pouvez.
Le Rapid-Express ChiangMai-Bangkok part a 21h. C'est un train de nuit sans couchettes qui marque pas mal d'arrets dans pas mal de petites gares. Au matin, il entre dans Bangkok pour arriver a Hualompong, terminus. Enfin, il tente d'entrer dans Bangkok... Pour parvenir a destination, le train doit avant tout penetrer la zone urbaine aux heures de pointes, vers 8h du mat. Il traverse des boulevard et des voies rapides, et croyez-le ou non, s'arrete aux feux rouges... Comme la circulation est completement desordonnee, les voitures s'arretent au milieu de la voie ferree et le train doit attendre... de longs moments... Resultat, plus d'une heure de retard, du au traffic.

Paradoxe pour un train, non?...
Et c'est loin d'etre le seul paradoxe qui etonne au pays du sourire. Liste exhaustive? Meme trop longue... Hotels dont les luxueux jardins et les installations feraient palir d'envie les etablissements les plus chics d'Europe, mais service a l'extreme economie pour rentabiliser au mepris de tout... Conducteur de taxi souriant et sympathique, aimable et a la discussion facile, qui vous amene a une fausse destination pour vous faire payer deux fois le prix d'un billet de ferry que vous acheteriez au tarif normal si vous etiez au bon endroit... J'ai achete une paire de sandales 200 bahts a Bangkok, qu'on me proposait a 480 a ChiangMai; il faut negocier mais finalement quel est le vrai prix des choses?...
Grosse amalgamme de ma part, je le reconnais, et je ne connais pas tous les secrets caches derriere les choses de la Thailande, car je manque de temps pour les comprendre. Mais vu d'ici, la Thailande, le pays du sourire, a la si forte culture du respect, est corrompue a certains endroit par l'appel d'une reussite facon occidentale... L'argent et le tourisme qui parfois change les mentalites, et quelques regions deviennent un peu "l'hotel du monde". Pour moi, l'occasion de sortir des sentiers battus ne s'est pas presente, mais c'etait le deal: passer quelques semaines de vacances avant de chercher autre chose.
Par ailleurs, aucun desespoir vis a vis de ce que devient la Thailande... C'est vrai que c'est dommage de voir le chemin que suit le developpement de certaines regions (ici a Koh Chang par exemple, le nombre des hebergements a explose depuis ma derniere visite il y a 6 ans, et on commence meme a organiser des full moon parties comme a Koh Pha Ngan), et d'imaginer que les paradis de la planete ne seront peut-etre bientot plus qu'un grand village de vacances... Mais quand on passe en bus le long des routes, et qu'on a le temps de regarder, on peut entrevoir encore beaucoup des choses plus vraies, cachees le long d'une plage un peu moins jolies, ou entre deux chemins de terre. Mon seul regret sera surement de ne pas avoir pris le temps de visiter le nord-est, bien moins developpe en terme de tourisme, mais la seule visite des rues de Surratthani m'a reconnecte avec ce que je cherchais.
 
Chiang Mai, le 21 mars. Achat du billet de train pour retour vers le sud. depart de la gare a 21h00. Un Rapid Express qui reservera pas mal de surprise (a lire bientot). Arrivee a Bangkok, Hualumpong Station a 9h45 la matin du 22. Saut dans le metro, super nickel et novateur, bien entretenu. Correspondance Thanon Sukhumvit pour le Sky Train qui nous fait voler au dessus des avenues direction la gare est des bus, Ekamail Station. Arrivee a cette gare 10h11, depart du bus pour Trat 10h12... 7 heures plus tard, escalade sur l'arriere d'un taxi local, et montee direct dans un ferry pour Koh Chang. Debarquement sur l'ile a 19h00. La nuit est tombee. Attrapons un taxi de nouveau vers un hotel. top chrono, posage des sacs a 20h30.
23h30 de voyage, 7 moyens de transport differents, gros dodo cette nuit.
Recompense: Il fait super beau aujourd'hui, je vais encore cramer...
 
Sur une des grandes avenues a l'exterieur de Chiang Mai se trouve une grande batisse. Depuis l'exterieur, elle semble assez bizarre, car decoree de centaines de moustiques en fer forge, d'une cinquantaine de centimetres de long... En regardant mieux, on apercoit une enseigne qui se perd au milieu de cette nuee de bestioles. L'enseigne dit "International Insect Museum". La sonnette retentit, et nous voila projetes dans un dedales de pieces remplis du sol au plafond de cadres, peintures, pierres, bouts de bois, nids de guepes, cocons de papillons, sculptures naturelles, insectes en fer forge... J'en oubli probablement la moitie. Un vieux monsieurs, alerte et souriant, habille d'un un jean's vieillot et d'un T-shirt perce d'un nombre incalculable de trous nous accueille...
Manop Rattanarithikul est ne en 1932. c'est un scientifique et un collectionneur, mais avant tout c'est le representant d'une espece rarissime, passione par des especes rarissimes... Il commence sa collection a l'age de 3 ans, avec un caillou "magique" que sa grand mere lui offre pour ne pas avoir peur du noir. Pendant sa jeunesse, il passe tout son temps a observer les insectes, et finit par trouver un petit job aupres d'un chercheur entomologiste.  Son boulot, dans les annes 40, attraper des moustiques avec un filet.
Manop a maintenant 78 ans, et il explique ses idees avec l'energie d'un gamin de 12 ans. La nature est le lien entre nous et Dieu. Peu importe son nom ou sa forme, si ous respectons la nature, nous sommes en accord avec nous meme et avec Dieu. Selon lui, meme si l'homme est capable de construire des batiments immenses ou des ordinateurs ultra perfectionnes, il ne sera jamais capable de produire de ses propres mains des choses aussi merveilleuses et simples qu'un cocon de papillon ou qu'un nid de guepe... Droit nous est egalement donne d'avoir un cours complet sur la malaria. Apres avoir voyage dans toute la planete, et travaille avec les Nations Unies sur la propagation de la maladie, il en connait un bout, et permet d'oublier, a son ecoute, quelques idees preconcues.
A la question "pourquoi votre T-shirt est-il tout troue" il repond qu'il collecte chaque moustiaue qui se pose sur lui pour le piquer, et fait un petit trou pour s'en souvenir. Je lui demande donc comment reagir si un moustiaue se pose sur mon bras pour me bouffer le sang, et il me dit "laisse le faire". Je pense ne pas suivre tous ses conseils, pour le moment...
En errant dans le musee qu'il construit doucement depuis pres de 50 ans avec sa femme (qui est... chercheur entomologiste...), on peut admirer plus de 1500 especes d'insectes, et presque toutes les formes de moustiques existant sur la planete. Parmi ces especes, plusieurs ont deja disparu de la surface du globe...
Pendant la discussion avec Manop, en tout cas, alors qu'il parlait sans discontinuer, j'ai pu faire les frais sans le vouloir de ses experiences, car je me suis fait litterallement devorer les pied par les mousitques... Ses cobayes apprivoises? Mystere...
 
Wat Chedi Luang, 10h20. Les affiches signalent que l'on peut s'installer et discutter avec des moines si on le souhaite, tous les jours de 8h30 a 17h. Personne, Je vais me renseigner. Le vendredi, les moines arrivent vers 11h. Le jour d'avant, ilis etaient en pause repas entre 11h et 12h. Retour donc a 11h15 pour etre sur, toujours personne. Dans un anglais approximatif, une jeune fille non loin me precise que c'est une periode de vacances, et que les moine viennent "maybe or maybe no". Alors asseyons-nous et attendons... Ne sachant pas a quel saint se vouer du point de vue des horaires, je demanderai directement au moine s'il vient.
Puis miracle, une robe orange se profile a l'horizon, s'approche, et s'assoie en face de nous, tout sourire...

-"Monk chat?
- Krap! (oui en thai)"

Puis la discussion s'entame tout nautrellement, dans un anglais tres lent et scolaire. Le but de l'echange, tel qu'il est organise ici, est de faire pratiquer l'anglais au moine bouddhiste, et aux visiteurs d'en savoir plus sur la vie de ces personnages enigmatiaues... Enigmatiques plus pour tres longtemps.

Pritcha a 28 ans, et il est moine depuis 8 ans. Il vient du Laos. Les traditions religieuses et les regles qui regissent la vie des moines sont les memes qu'en thailande, ainsi les echanges entre les deux pays frontaliers sont frequents. Les deux langues etant tres proches, cet echange est d'autant plus facile. Il est souriant et sympathique, et la timidite ne semble pas faire partie de ses traits de caractere. Il a la tete rasee, et des yeux tres fins.
A la mort d'un membre proche de sa famille, Pritcha a du devenir moine, comme le veut la tradition. Cet acte rend hommage a la personne disparu. Dans son cas, c'est sa mere qui a rappele a Pritcha qu,il devait prendre l'habit de moine pour quelques temps. Ne pouvant acceder a des etudes superieures parce que trop couteuses, il decide alors de beneficier pendant son existance monacale de la "remise" offerte au personnes de son ordre. Il etudie d'abord l'anglais pendant quelques temps, puis s'oriente vers l'education. Il enseigne aux novices la meditation, et voudrais devenir professeur d'anglais, quand il ne sera plus moine.
Ah oui... parce qu'etre moine c'est un passage dans la vie d'un Thai. Comme nous l'avons compris, c'est tres souvant pour acceder a des etudes hors de prix pour les Thais. Rarement semble-t-il. c'est par ferveur religieuse. Il semble que Pritcha, d'ailleurs ait voulu arreter il y a de cela un an, mais qu'il se soit embarque dans un cursus plus long et fastidieux. Ca l'emmerde un peu mais il le prend avec sagesse... Mais il semble plus interesse par le foot et l'Italie, et nous balance que Beckham s'est blesse dernierement et qu'il va se faire soigner en Afrique du Sud chez un grand medecin...
La vie de moine ne semble pas si enigmatique que ca au fur et a mesure que les phrases s'enchainent. Lever a 4h du matin, meditation (10 minutes), nettoyage du temple (1 heure), quete des offrandes aupres des villageois aux alentours, petit dejeuner dans le partage, puis fin de matinee detente ou etudes dans leurs quartiers. L'apres midi, etudes en universite ou ecole, puis occupations diverses le soir. La vie en communaute, le partage et les notions religieuses de bases sont ce que l'on inculque principalement aux moines de son age.
La plus grande partie des jeunes moines quittent le temples apres l'obtention des leur diplomes respectifs. Les autres poursuivent leur vie ainsi et occupent des "postes" plus importants dans la vie religieuse de la region.
Apres avoir recu un SMS (qu'il lit sur le GSM dernier cri qu'il fait apparaitre de sous sa tenue orange), il nous dit qu'il doit y aller, puis disparait en hate en nous gratifiant d'un sourire bienveillant.
L'entretien se termine comme il avait commence, par surprise.
 
Bon, en quelques jours, beaucoup de deplacement. Depuis le 16 ou le soleil de Koh Tao m'a crame la face, voila que le climat plus cool de Chiang Mai revigore un peu. C'est vrai qu'apres pas mal d'heures dans les bus, ca fait du bien de se retrouver dans cette ville.
Passage rapide a Sukhothai, pour prendre la mesure de la culture antique Thailandaise. Avec son parc national rempli de temples en ruines et de bouddhas dans toutes les positions possibles, une apres midi suffit pourtant pour a faire le tour des differentes choses a voir. C'est vrai que les temples thais ne sont pas trop ma tasse de the, quand il s'agit de visiter des ruines comme celles de Sukhothai. Neanmoins, il en ressort quelques chouettes photos, et une ballade tres calme et reposante entre des edifices qui inspirent le respect de par leur harmonieuse conception et leur cadre naturel. A voir dans les photos 'Thailande semaine 2'.
Puis depart vers la capitale du nord, la belle Chiang Mai, ou plusieurs jours plus tranquilles nous attendent. Posage de sac dans un petit hotel, et sitot apres l'atmosphere est raffraichie par une pluie torrentielle et un orage spectaculaire. Un pina colada m'aide a peindre le tableau d'une soiree cool apres quasiment deux jourd de transport non stop.
Plus tard dans Chiang Mai, petit entretien avec un moine bouddhiste, pour comprendre un peu mieux leur vie... J'espere aussi me perdre un peu et reussir a eviter les vagues touristiques qui envahissent la ville...